Non, merci!

"Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un troncEt s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,

grimper par ruse au lieu de s'enlever par force?
Non, merci ! Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci ! Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?...
Non, merci ! D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François" ?...
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu'un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci !"

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand.

Estoy como indignada y no tengo dinero. ¿O estoy como indignada porque no tengo dinero? La cuestión es que estoy enfadada. Y por qué. Pues por que sí. Porque es el último fin de semana de la Feria del Libro (una feria que llevo esperando meses, meses intentando ahorrar, postergando las ganas lo más posible) y no tengo dinero para ir a la Feria del Libro. Y voy a hacer un esfuerzo sobrehumano por mantener la tradición y comprar algún poemario, alguna novelita, o simplemente, tomarme un helado mientras paseo y curioseo por las casetas.

Me indigna el telediario. Me indigna la condescendencia de los políticos. Me indigna la falta de educación. Me indigna la falta de humanidad, la falta de carácter. Me indigna mendigar algo que ni siquiera merezco. Me indigna agradecer algo que no hace más que consumirme. Y lo siento, pero no voy a dar las gracias.

Me indigna no poder hacer ningún plan para el verano, porque solamente me puedo permitir acampar en Sol ¡Já!

También me indigno a mí misma. Y tengo ansiedad, y eso también me indigna. Y fumo, y me como las uñas. Por qué. ¿Por los trabajos basura? ¿por las relaciones basura? ¿por la sensación basura que tengo a veces de estar perdiendo un tiempo que también se convierte en basura?

Y tengo como ganas de gritar. Y tengo ganas de decir que sigo viva. Que aquí estoy, y que estoy harta.

Lo siento. Pero hoy no voy a dar las gracias.